Que faire des images ?

  • Où mettre les photos ?
  • Sven Lüttmann - VISUS
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  • Sven Lüttmann - VISUS

Lorsqu’il est question de la structure, de l’utilisation et du succès des dossiers nationaux comme l’ePA en Allemagne, l’ELGA en Autriche ou l’EPD en Suisse, il y a un thème qui est généralement largement éludé : le traitement à réserver aux données d’imagerie. Elles sont tellement volumineuses qu’elles ne peuvent pas vraiment s’intégrer dans la structure des solutions individuelles. Cet article aborde trois ébauches de solution pour l’intégration de données d’imagerie dans les dossiers médicaux, qui sont déjà testées en partie dans la pratique. Toutes trois sont basées sur le profil IHE-XDS-I.

Si les documents médicaux, ou encore d’autres données, sont une bonne fois consolidés et si leurs métadonnées sont standardisées, ils sont assez faciles à manier dans la communication avec les dossiers médicaux. Les documents pris individuellement ne sont pas très volumineux, ils forment généralement une unité d’information complète en soi et ont un titre plus ou moins clair. De plus, des attributs nécessaires peuvent être dérivés d’algorithmes intelligents. Prenons comme exemple la lettre de sortie de l’hôpital : le patient comme les médecins qui poursuivront le traitement savent qu’ils trouveront dans ce document des informations sur le diagnostic, le traitement et la médication ainsi que, le cas échéant, des extraits pertinents des examens d’imagerie. S’il est au format PDF, le fichier a encore une taille raisonnable, de l’ordre du kilooctet au mégaoctet, facile à transporter et à stocker.

Convertir des images en documents

Pour les données image radiologiques, la situation est malheureusement bien différente. Ici, on a vite quelques centaines de mégaoctets, ou même des gigaoctets qui – par exemple, pour les TDM sur couche mince – représentent un ensemble de plusieurs centaines de fichiers individuels. Les systèmes de dossiers centrés sur des documents sur la base d’IHE XDS seraient submergés lors de la communication de ces données, car chaque image devrait être configurée comme un document séparé. Le dossier d’un patient serait ainsi extrêmement surchargé et inextricable.

La solution consiste pour les trois approches à utiliser ce que l’on appelle un Imaging Document Source (IDS). Dans les structures IHE-XDS-I, ce genre d’IDS est le pendant du référentiel de documents du profil IHE-XDS qui tient les documents médicaux à disposition. Pendant que le référentiel s’occupe des documents, l’IDS est compétent exclusivement pour le stockage des données image DICOM. Les données y restent et ne sont pas transmises une par une au référentiel. Plutôt – est c’est là la particularité –, un Key Object Selection Document (KOS), ou manifeste DICOM contenant toutes les références aux données d’imagerie au moyen d’identifiants clairs est créé. Ce document, qui inclut également les données des patients nécessaires et une référence à la source de l’image (IDS), est alors transmis au référentiel enregistré dans le registre comme une seule entrée (= document).

Décentralisation, centralisation privée ou centralisation complète

Les trois approches auxquelles VISUS travaille activement se différencient par le lieu où se trouve l’IDS, la personne qui en est responsable et la personne chargée de créer les documents KOS. La première possibilité est le stockage décentralisé des données, donc chaque institution établit ses propres IDS, dont la maintenance et l’exploitation sont assurées par son propre département informatique. L’utilisation d’un PACS existant supportant le profil IHE-XDS-I entrerait également en ligne de compte. Cette approche n’est cependant plus envisagée pour des raisons de protection et de sécurité des données.

Pour les grands établissements disposant d’une infrastructure informatique proportionnée à leur taille et du personnel nécessaire, il peut être tout à fait pratique de gérer eux-mêmes les données d’imagerie. Il ne faudrait toutefois en aucun cas sous-estimer les capacités requises pour cela. L’espace de stockage ainsi que la maintenance et l’exploitation des IDS sont coûteux, en temps et en argent, et ils doivent être garantis de manière permanente.

Pour cette raison, il peut être utile – et cette approche est expérimentée actuellement par VISUS en Suisse – que les hôpitaux externalisent les IDS comme concept SaaS (Software-as-a-Service). Cela signifie que les hôpitaux envoient les données d’imagerie à un datacenter central, dans lequel VISUS exploite des produits évolutifs garantissant la pérennité de la gestion de l’espace de stockage, de l’administration et de la mise à disposition des données. VISUS accuse réception des données, s’occupe de la création et du classement du document de référence dans le référentiel XDS, assure sa récupération et conserve les données d’imagerie jusqu’à ce que le patient les supprime de son dossier.

L’approche adoptée par la Finlande est encore plus centralisée. Dans ce pays, ce ne sont pas des prestataires privés qui proposent le service IDS. Il existe au contraire une source d’images nationale dans laquelle les données doivent obligatoirement être intégrées. De là, les documents de référence sont créés pour toutes les images au niveau national et stockés dans le référentiel XDS national.

Pour l’ePA, qui doit obligatoirement fonctionner sur l’infrastructure télématique à partir du 1er janvier 2021, il n’y a pas encore de solution pour la gestion des images. Ces trois exemples montrent toutefois qu’il ne manque pas de moyens techniques et que des solutions peuvent également être trouvées pour l’Allemagne, très exigeante